Malgré les promesses de la Commission européenne de mettre fin au détournement de l’aide humanitaire dans les camps de Tindouf en Algérie, de nouvelles preuves sont venues confirmer que cette gabegie à grande échelle continue au vu et au su de la communauté internationale même dans le contexte de la pandémie du Covid-19.
Ces preuves ont été dévoilées au grand jour par le site d’information européen «Eutoday» sur la base d’investigations qu’il a menées sur le terrain et à travers des témoignages accablants.
Elles sont corroborées par la multiplication des appels incessants et désespérés de l’Algérie ces dernières semaines, suite à la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus, à remplir le tonneau des Danaïdes polisarien et celui de leurs intendants algériens.
Citant Mohamed Chérif Laaroussi Ahmed Salem, ancien membre du polisario, le site rapporte que les populations séquestrées à Tindouf servent de monnaie de change pour quémander l’aide humanitaire internationale qui est ensuite vendue au marché noir.
Ayant personnellement été témoin d’une opération de vente de l’aide alimentaire européenne sur le marché mauritanien, Ahmed Salem explique que les gains récoltés de ce trafic servent à construire des fortunes personnelles et à entretenir le bric-à-brac militaire qui comprend des chars, des missiles et des véhicules de combat offerts par l’Algérie.
Il ajoute que l’Etat algérien s’est rendu complice de cette fraude en tirant profit d’une taxe qu’il impose systématiquement à l’aide, comme cela a été révélé par la Commission du contrôle budgétaire du Parlement européen en juillet 2015, sans compter la confusion que ce pays entretient autour du nombre réel des séquestrés qu’il retient sur son propre territoire à Tindouf.
«La confusion délibérée sur le nombre de réfugiés dans les camps de Tindouf est la clé de voûte du détournement de l’aide alimentaire et des biens de consommation courante», écrit «Eutoday», notant qu’à défaut d’un recensement qui devrait être effectué par l’Algérie, le polisario fait état de de 155.000 à 170.000 personnes dans les camps de Tindouf, mais des organisations indépendantes et des observateurs neutres estiment leur nombre réel entre 70.000 et 90.000 personnes.
Pour le site européen, outre le détournement, l’excédent d’approvisionnement qui résulte de ces faux chiffres représente une grosse marge bénéficiaire pour le polisario et l’Algérie.
Cette situation, déplore Eutoday, n’est pas sans se répercuter sur l’état de santé des populations des camps, notamment les enfants qui souffrent de malnutrition.
En plus d’être une source de financement des frasques polisariennes, les séquestrés des camps de Tindouf sont assujettis à des pratiques d’exploitation servile. Selon le site, les hommes sont forcés d’effectuer un service militaire ou une corvée en échange de l’aide alimentaire qui, normalement leur revient de droit, sans parler des femmes qui sont victimes de sévices, viols et toutes les formes d’exploitation dégradantes et inhumaines.
Eutoday cite également le témoignage de Bjorn Hultin, expert auprès du Parlement européen qui affirme que le détournement de l’aide humanitaire dévoilé récemment, avec preuves et photos à l’appui, n’est pas une première mais bien une pratique courante.
Rappelant le tollé suscité au Parlement européen suite aux premières révélations du rapport de l’Office anti-fraude européen (OLAF) en 2015, M. Hultin relève que les dirigeants du polisario s’adonnent systématiquement au détournement de l’aide humanitaire et accumulent des fortunes colossales et des biens immobiliers de luxe particulièrement en Espagne, notant que «c’est tragique de s’enrichir sur le dos des souffrances de populations séquestrées».
Le rapport de l’OLAF, rappelle le site, explique dans les détails le circuit du détournement de l’aide humanitaire du port d’Oran jusqu’à l’acheteur final dans les marchés de la région.
L’OLAF a signalé, par exemple, que le blé canadien destiné aux camps de Tindouf est remplacé par du grain de qualité inférieure et que le blé de qualité supérieure est vendu. Les produits d’élevage de volailles sont également vendus plutôt que fournis aux populations dans le besoin dans les camps de la honte.
Le même rapport, poursuit Eutoday, avait signalé que des prisonniers sont utilisés pour la gestion de l’aide alimentaire, ainsi que pour des projets de construction financés par des organisations humanitaires.
Le site d’information basé à Bruxelles, fait état dans ce contexte de la préoccupation du Parlement européen au sujet de cette situation inquiétante, rappelant qu’en juin dernier, l’eurodéputé Ilhan Kyuchyuk a officiellement soulevé cette affaire auprès de la Commission européenne.
Dans sa question écrite, il évoque le refus algérien de tout recensement des populations dans les camps de Tindouf malgré les demandes formelles du HCR. L’eurodéputé s’interroge également comment l’Algérie peut-elle se permettre de demander de l’aide alimentaire pour les séquestrés et financer en même temps l’achat d’armes au polisario.
Eutoday fait part d’autres inquiétudes européennes quant à l’utilisation de l’argent issu de la vente de l’aide humanitaire pour financer des activités terroristes menées par le polisario, notant que les ONG qu’il a approchées dans le cadre de son enquête, demandent à la Commission européenne et au Parlement européen de faire la lumière sur cet énième détournement de l’aide humanitaire de l’UE et de donner des réponses claires au contribuable européen et à l’opinion publique sur l’utilisation de ces fonds à des desseins de déstabilisation de la région euro-méditerranéenne et au service d’une propagande orchestrée par l’Algérie et son pantin polisarien.
Par Adil Zaari Jabiri (Source : MAP)