Anniversaire du Manifeste de l’indépendance: Trois questions à Abdelkrim Zerktouni, président de la Fondation Mohamed Zerktouni pour la culture et la recherche

Casablanca, le 10 janvier 2022 (MAP) – Bien qu’un long laps de temps s’est écoulé depuis la présentation, le 11 janvier 1944, du Manifeste de l’indépendance du Maroc, qui sera célébrée mardi, ce document continue de revêtir des significations profondes.

Comme le souligne dans un entretien à la MAP le président de la Fondation Mohamed Zerktouni pour la culture et la recherche, Abdelkrim Zerktouni, cet événement est en effet porteur de plusieurs enseignements pouvant servir de clé pour “résoudre nombre d’introversions de l’étape actuelle”.

Q- Sous quel angle peut-on relire ce document après toutes ces années de sa présentation, le 11 janvier 1944, par plusieurs nationalistes ?

R- Il ne fait aucun doute que le Manifeste de l’indépendance porte tous les éléments d’actualité malgré les décennies qui se sont écoulées depuis sa présentation et ses répercussions sur la famille de l’action nationale. Si le contexte de la présentation du document est largement connu, il est certain que ses impacts sur l’action partisane, organisationnelle et d’encadrement persistent à ce jour.

Le Manifeste du 11 janvier 1944 a jeté les bases d’un discours de référence qui a marqué l’action du mouvement national au sein de tous les noyaux de l’action de mobilisation directe, puis au sein des organisations de la résistance armée qui ont considéré le document comme un contrat moral à élaborer pour faire face au discours colonial dominant.

Cette évolution a marqué la trajectoire du champ partisan et civil pour contribuer à l’émergence du programme du mouvement national de libération en passant de la demande de réformes à la demande de l’indépendance.

Le document reflète donc la croissance de la prise de conscience nationale qui a réussi à surmonter les revers du début des années trente lorsque les premiers mouvements de la résistance armée ont été vaincus dans les zones rurales.

A cette époque, le colonialisme croyait que le moment était propice pour passer au stade de la domestication générale, mais c’était sans compter sur la dextérité des nationalistes et sur la maturité de leurs cadres civils et mobilisateurs qui sont impliqués dans la création du moment de la transition à la définition des jalons du changement le 11 janvier 1944.

Q- Comment transmettre les significations de l’anniversaire aux générations actuelles concernant le volet relatif à la défense du pays et des valeurs de patriotisme authentique ?

R- Je pense que l’événement porte plusieurs enseignements qui pourraient constituer la clé pour résoudre nombre d’introversions de l’étape actuelle.

Ce qui m’intéresse en premier lieu, c’est l’esprit ayant créé les nobles valeurs de libération autour desquelles les Marocains, malgré la multiplicité de leurs appartenances et de leurs positions, étaient unis autour des slogans, les constantes et les causes sacrées du Royaume à la tête desquelles figure l’indépendance du Maroc sous le leadership du Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, que Dieu bénisse son âme.

C’est sur ce même esprit que nous comptons aujourd’hui en vue de consolider les acquis, consacrer la souveraineté nationale, parachever l’intégrité territoriale et renforcer l’immunité du Royaume.

En dépit de grands changements intervenus dans la scène politique marocaine après le départ du colonialisme, les principes du Manifeste du 11 janvier continuent à porter tous les éléments de ferveur et de force pour mobiliser les âmes et les énergies afin de parachever la marche des pères et les sacrifices des grands-pères.

Q- Pour commémorer l’anniversaire de la présentation du Manifeste de l’indépendance, la Fondation Mohamed Zerktouni pour la culture et la recherche a choisi de célébrer les biographies des signataires de ce document. Quelles sont les signification que revêt ce choix ?

R- Nous avons veillé cette année à la Fondation Mohamed Zerktouni pour la culture et la recherche à l’organisation d’une grande célébration de l’événement en coordination avec la Fondation Abou Bakr El Kadiri pour la pensée et la culture en présentant un documentaire intitulé “l’histoire de l’école de la renaissance” réalisé par Othman Balafrej et Oualid Ayoub.

La présentation de ce documentaire à Casablanca, le 11 janvier 2022, exprime notre grande gratitude à la mémoire des sacrifices consentis par de grands hommes.

C’est aussi un raccourci d’un long chemin dans les efforts du mouvement national visant à construire l’homme à travers l’accès à l’éducation et l’enseignement. La lutte nationale qui a été encadrée par le Manifeste du 11 janvier n’était ni purement politique ni purement mobilisatrice mais revêt également une large dimension humaine ce qui a fait de la lutte pour libérer les âmes de l’ignorance, du sous développement et de l’analphabétisme “un noble jihad pour la promotion de citoyens libres dans un pays libre”.

Comme les deux faces d’une même pièce, il s’agit de libérer le pays du joug du colonialisme et d’affranchir le citoyen de l’ignorance et de la décadence.

Tel est le message du Manifeste du 11 janvier 1944 dont le peuple marocain veille à raviver les enseignements et les valeurs. “C’est un message de génération à génération”, un parcours de lutte continue pour une patrie libre et un peuple patriotique.

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