Réaction du Parlement européen au scandale de l’aide destinée aux camps de Tindouf: DEVE et CONT impliquées dans l’enquête (EUtoday)

EUtoday vient de publier, le 15 juillet 2020, un article couvrant le scandale du détournement de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf dont voici le contenu intégral :

La Commissions de Contrôle Budgétaire et celle de Développement, du Parlement Européen, sont toutes deux activement impliquées dans l’enquête relative au détournement des aides humanitaires destinées aux camps de réfugiés de Tindouf, dans le sud algérien, comme l’a rapporté EUtoday tout récemment. D’ailleurs, une source au Parlement Européen, s’exprimant sous une stricte condition d’anonymat, nous a confirmé, la première semaine de juillet, que «la Commission du Contrôle Budgétaire est au courant de l’article paru dans notre journal (EUtoday du 30 juin).

Ayant été den grande partie à l’origine du tollé suscité au sein du Parlement autour par le détournement de l’aide humanitaire européenne, nous revenons aujourd’hui, à travers le présent article, pour partager avec nos lecteurs les derniers développements à ce sujet:

Le lendemain de la publication, l’Eurodéputé français Nicolas Bay, Vice-président du groupe « Identité et Démocratie » du Parlement, a publié une déclaration accablante dans laquelle il évoque la question de l’enquête 2003-07 sur l’affaire par le bureau anti-fraude de l’UE ( OLAF).

En janvier 2015, un rapport de l’Union Européenne, rédigé en 2007 par l’OLAF a finalement été publié, révélant un système de détournement massif d’aide humanitaire orchestré par le Front Polisario – un mouvement indépendantiste armé qui revendique une partie du Sahara marocain – avec la complicité de l’Algérie. Ce rapport accablant indique que le nombre réel de réfugiés dans les camps de Tindouf, contrôlés par le Polisario, dans l’Ouest de l’Algérie, est totalement inconnu, les autorités interdisent à l’UE d’envoyer une mission pour évaluer la situation. Une audition au Parlement Européen en juillet 2015 a même révélé que l’Algérie, qui reçoit des aides au port d’Oran, taxait de 5% les aides envoyées!

Le lendemain, la collègue française de M. Bay, Dominique Bilde, a pris la parole lors d’une audition de la Commission du Développement du Parlement afin de confronter le Commissaire européen Janez Lenar?i?, en charge de l’aide humanitaire.

Appelant à une enquête rapide, elle déclara : «Une partie de l’aide humanitaire serait vendue pour financer l’achat de matériel militaire … des chars et des missiles, et le nombre de réfugiés serait considérablement surestimé afin de capter plus de subventions. Ce système loufoque a été documenté depuis l’enquête de l’OLAF… Quand la Commission Européenne aura-t-elle le courage de mettre fin à ce scandale et de mettre enfin l’Etat algérien face à ses responsabilités ? «

Le commissaire Lenar?i? confirma » qu’il existe souvent des doutes sur les chiffres réels dans les zones auxquelles nous ne pouvons pas accéder «. L’Algérie et le Polisario refusent systématiquement tout recensement de la population, malgré les appels multiples d’organisations internationales telles que l’ONU et le HCR.

Mme Bilde nous a confirmé qu’elle avait précédemment soulevé la question de l’appropriation illicite de l’aide de l’UE avec le prédécesseur du Commissaire Lenar?i?, Christos Stylianides, soulignant la nécessité d’un contrôle accru sur l’avenir de l’aide européenne dans les zones de conflit, les cas de détournement étant prouvés, et qu’elle n’avait pas reçu de réponse satisfaisante.

L’intervention de Mme Bilde fut suivie, le 6 juillet dernier, par la publication d’un éditorial, par nos collègues de la presse bruxelloise, faisant part de sa réaction à la réponse du Commissaire.

Et Mme Blide de souligner : La réponse du Commissaire Lenar?i? n’ayant pas été satisfaisante, j’espère, toutefois, que l’augmentation de la couverture médiatique de ces détournements incitera enfin la Commission à mettre fin à ces abus et, pour ma part, je continuerai à suivre cette affaire de près.

Dans son intervention, elle a annoncé qu’elle préparerait une résolution pour exiger un audit de l’aide humanitaire des camps de Tindouf en Algérie et exhorter la Commission Européenne à mettre en œuvre un recensement de la population dans les camps de Tindouf.

Le 9 juillet dernier Mme Bilde (avec l’Eurodéputé allemand Bernhard Zimniok et Gianna Gancia d’Italie, les deux membres de la commission du Développement du Parlement) a déposé une proposition de résolution sur la question qui demande à l’Union européenne de :

  • Coopérer avec les Nations unies pour superviser un recensement des réfugiés des camps de Tindouf en collaboration avec les autorités compétentes en Algérie;
  • Contrôler l’utilisation de l’aide humanitaire européenne par le Polisario depuis 2015.

Selon l’article 143 du règlement intérieur du Parlement Européen, la proposition de résolution sera désormais soumise au cabinet du Président du Parlement Européen, l’Italien David Sassoli, pour examen avant de la soumettre à l’une des commissions compétentes les plus probables DEVE ou CONT Commission.

Walter Grupp, directeur du bureau de Bruxelles de la Taxpayer’s Association of Europe, une fédération de 29 associations nationales de contribuables à travers l’Europe avec plus d’un million de membres, a parlé de la question, une affaire que son association connaît depuis un certain temps. Il confia : «Il est de notre devoir d’aider avec l’aide humanitaire, et nous sommes fiers de le faire. Cependant, on s’attend à ce que notre argent soit bien géré … nous ne sommes pas satisfaits de la politique, du manque de transparence ou de la Commission Européenne elle-même«.

A la lumière des propos de M. Grupp, il convient de noter que le budget de l’aide humanitaire de l’UE pour 2019 était d’un montant record de 1,6 milliard d’Euros. Comme EUtoday, il n’est pas favorable à la réduction du montant de 10 millions d’Euros car notre objectif n’est pas de punir les populations qui sont les principales victimes de ce détournement de fonds.

Par ailleurs, il a également indiqué que la Commission du Contrôle Budgétaire doit prendre note des preuves prouvant le détournement continu de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf et que la Commission Européenne devrait clarifier quelles mesures, le cas échéant, ont été prises en réponse aux conclusions dur rapport 2007 de l’ OLAF .

«Moi et l’association des contribuables sommes d’accord avec le numéro 235 du rapport (*) car rien ne s’est concrétisé depuis 2015.» nous a-t-il expliqué , «comme l’a fait l’Eurodéputé allemand Ingborg Grassle en 2015. Nous exhortons la Commission à veiller à ce que les individus algériens ou sahraouis incriminés par le rapport de l’OLAF n’aient plus accès à d’aide financée par les contribuables de l’Union; demandons à la Commission d’évaluer et adapter l’aide de l’Union aux besoins réels de la population concernée et veiller à ce que les intérêts et les besoins des réfugiés ne soient pas lésés car ils sont les plus vulnérables à toute irrégularité éventuelle. Le recensement des réfugiés est une condition sine qua non . «

» Désolé, mais je ne veux pas critiquer Mme Gr?ssle et son successeur Mme Hohlmeier du groupe EEP. Je sais personnellement qu’ils contacteraient vraiment les bonnes personnes au sein de la Commission et de l’EAAS. Je pense que quelqu’un au niveau de ces institutions ne prend pas cette question au sérieux. «

Enfin, à EUtoday, nous avons été ravis d’apprendre que notre article a secoué les cages des partisans du Polisario. Nous avons reçu une réaction très critique, mais polie, d’un homme de Nouvelle-Zélande qui est associé au groupe de paix pro-Polisario Waiwhetu Lower Hutt .

Il convient de répéter que le Polisario a été fondé comme une organisation marxiste-léniniste – même si elle prétend avoir maintenant adopté l’économie de marché libre – et qui, comme en témoigne un rapport de la CIA de 1983 a reçu du matériel militaire de Cuba et de l’Union Soviétique.

EUtoday s’est entretenu avec l’Eurodéputé bulgare Ilhan Kyuchyuk, qui a récemment soulevé la question du détournement de l’aide auprès de la Commission Européenne. Nous lui avons demandé si, en tant que député européen, lui et ses collègues de  « Renew Europe » porteraient ce sujet épineux et très important pour le contribuable européen, et comment ferait-il avancer ce dossier ? En outre, la Commission du Contrôle Budgétaire était-elle au courant du détournement continu de l’aide humanitaire européenne dans les camps de l’argent des contribuables et du rôle de l’Algérie à cet égard, et du non-enregistrement d’une population de réfugiés pendant une période aussi longue ?

» Bien sûr «, nous a-t-il dit. » Le Parlement Européen suit de près la situation sur le terrain et prend des mesures lorsque cela est nécessaire. L’argent des contribuables européens doit être dépensé correctement, et nous ne devons pas fermer les yeux lorsqu’il y a un tel détournement de fonds. «

Et Mme Kyuchyuk de conclure : «Il n’est pas de la compétence du député européen de mettre fin à un certain programme d’aide humanitaire de l’UE, mais différents instruments institutionnels peuvent être utilisés. Les questions ou résolutions parlementaires présentent de bonnes opportunités pour sensibiliser et provoquer un débat politique, par exemple … Je suis convaincu que mes collègues de la Commission Budgétaire sont conscients de la situation et maîtrisent bien l’exécution du budget de l’Union, ce qui signifie que pour les contribuables « l’argent est dépensé de manière efficiente, efficace et conformément au droit de l’UE ». S’ils constatent des fraudes et des irrégularités dans l’exécution du budget, des mesures appropriées seront suggérées afin de prévenir et de poursuivre de tels cas».

Cependant, mis à part les forces impliquées et les conflits politiques, il s’agit d’un débat européen interne autour de la transparence et de la vérité de nos institutions et systèmes politiques européens, et de la défense des populations des camps de Tindouf.

Ces personnes très vulnérables, en plus d’être privées d’eau potable et d’électricité, et de vivre dans des tentes dans des conditions déplorables, doivent souffrir de la cupidité des dirigeants du polisario qui s’enrichissent davantage de leur misère.

Leurs conditions se détériorent. Un rapport du Conseil de Sécurité des Nations Unies (octobre 2019) a mis en évidence, entre autres problèmes, une augmentation inquiétante des niveaux de malnutrition dans les camps. C’est le coût humain du détournement de l’aide alimentaire.

Référence:

(*) 235. prend note que l’OLAF a rédigé un rapport sur l’aide humanitaire accordée au camp de réfugiés sahraouis de Tindouf en Algérie (OF 2003/526); demande à la Commission de clarifier les mesures prises en réponse aux conclusions de ce rapport; note que, selon un rapport d’enquête du HCR (46), le non-enregistrement d’une population réfugiée pour une période aussi longue (c’est-à-dire près de 30 ans après leur arrivée) constitue «une situation anormale et unique dans l’histoire du HCR»; demande instamment à la Commission de veiller à ce que les personnes algériennes ou sahraouies incriminées par le rapport de l’OLAF n’aient plus accès à l’aide financée par les contribuables de l’Union;demande à la Commission de réévaluer et d’adapter l’aide de l’Union aux besoins réels de la population concernée et de veiller à ce que les intérêts et les besoins des réfugiés ne soient pas compromis, car ils sont les plus vulnérables à toute irrégularité éventuelle.

Source : EUTODAY » du 15 juillet 2020.

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