Presse parisienne, honnêteté et objectivité

Je ne voulais pas intervenir dans un débat qui fait rage en ce moment sur les motivations de pseudo journalistes qui depuis Paris ont la prétention de nous dire – nous qui y vivons et avons vraiment à cœur des intérêts et son devenir – de notre pays d’origine.
Les quelques phrases qui suivent ont pour objet cependant, non pas un jugement sur la vilenie des indignes héritiers des Chevaliers de la Plume, mais dans le cas du journalisme, une nuance entre objectivité et honnêteté qui, dans le cas du journalisme autrement que dans bien d’autres professions- sacerdoce, peut permettre de mieux saisir ce qui se passe aujourd’hui et continuera de se produire là où , hier encore, nous venions tous chercher des éclairages intéressants et des explications lumineuses. Dans cette profession en effet, j’ai tendance depuis fort longtemps, à parler d’honnêteté plutôt que d’une impossible et illusoire objectivité. Par le passé, le torchon qui fait grand débat et dont je répugne à citer le nom, n’a jamais été objectif mais a souvent été honnête.
Je n’en veux pour preuve que l’implacable inimitié entre son fondateur le Général De Gaulle ( qui voulait « un journal à sa main…mais pas trop!« ) et son créateur Hubert Beuve-Méry, qui a gardé – c’est tout dire! – la nécrologie du Général au chaud pendant plus de 20 ans! (confidence faite par André Fontaine pendant un déjeuner a Mehdia avec Abdallah Stouky). Les critiques de Beuve-Méry (on peut aussi écrire ses attaques sans vraiment trahir la vérité) contre De Gaulle et ses choix politiques n’étaient pas toujours sans fondement même si elles étaient outrancières et outrageuses. Et le Général lui rendait la monnaie de ses pièces sans compter. Ils ne se sont en effet rencontrés qu’une unique et orageuse fois de toutes leurs vies. Mais cette détestation, il y avait de la grandeur et de l’honnêteté: » je ne t’aime pas, je te le fais savoir sans ambages et j’argumente, à toi de répondre, d’apporter les contre-arguments pour convaincre ceux qui suivent nos débats: les lecteurs et le grand public« .
Rien de tel aujourd’hui: la « nouvelle vague » ne peut pas être objective – on peut le concevoir – mais elle n’a pas le mandat d’être honnête. Elle ne peut en conséquence évoluer que dans la bassesse et l’indignité.
C’est notre tort de ne le découvrir qu’aujourd’hui.
C’est notre tort également de réagir alors que c’est par le mépris et l’ignorance que nous aurions tous dû répondre, à l’exemple de nos grands Décideurs qui n’ont même pas daigné entraver la distribution en kiosque de cette feuille de choux qui tâche autant les doigts qui la feuillettent que les rétines et les méninges qui s’y exposent.
Par Abdelghani Dades