Le Maroc estime ses produits boycottés par la Suède et a décidé la réciproque. Mais qui boycott quoi?
La crise diplomatique entre le Maroc et la Suède fait la une des supports de presse depuis plus d’une semaine. Une crise qui s’explique par la position du pays scandinave vis-à-vis du Polisario et qui a débouché sur l’annonce d’un boycott des produits suédois par les autorités marocaines. Un comportement justifié par les pratiques commerciales du gouvernement suédois contre les produit marocains, selon le porte-parole du gouvernement. Alors que les annonces se font nombreuses, une question se pose : Qui boycotte quoi ?
Phosphate, huile de poisson et produits agricoles : les produits boycottés par les Suédois
Dans le premier tweet d’une série de messages en 140 caractères placée sous le hashtag « #موقف_السويد (la position suédoise),Saâd Eddine El Othmani, président du Conseil national du PJD (Parti de la justice et du développement) indique que la « Suède a pris plusieurs décisions relatives aux boycotts de produits marocains issus des régions du sud du Maroc » ainsi que les entreprises suédoises qui sont « obligées » de participer à cette politique de boycott.Selon l’édition du 5 octobre du quotidien Les Ecos, sept grands distributeurs suédois ont, en vertu de cette politique du boycott, stoppé « l’importation et la vente des produits agricoles provenant du Sahara ». Le boycott n’affecte pas seulement les produits agricoles, mais aussi d’autres produits comme le poisson. Ainsi, la justice suédoise a activé une procédure pour « pèche illégale au Sahara » contre des navires suédois opérant dans les eaux au large du Sahara en dehors des accords de pêche. Une procédure initiée suite à l’identification des navires suédois impliqués dans les activités de pêches au Sahara par le ministère des Affaires étrangères suédois selon Les Ecos.
Cette volonté de boycott n’impacte pas seulement les entreprises suédoises, mais aussi plusieurs multinationales. Selon Les Ecos, « la compagnie d’engrais canadienne Agrium a fait l’objet d’une « campagne de désinvestissement en 2014 en relation avec son intérêt pour les phosphates marocains ». Une tendance qui s’explique par le fait qu’en 2014, « le Conseil d’éthiques suédois a déclaré que le fabricant canadien d’engrais […] a été dans l’incapacité de démontrer que le phosphate du Sahara qu’il importe est extrait « conformément au souhait de/ et aux intérêts de la population locale ».
Pressions à l’international
Un boycott qui a également un impact au niveau européen puisque selon le prédécesseur de Salaheddine Mezouar, la Suède mène « des campagnes au sein de l’UE (Union européenne) » en vue de mettre en place un « boycott économique des provinces du Sud ».
Une position confirmée par un document paru chez nos confrères du Le360.ma, dans lequel on peut voir que l’ancien ministre du Commerce suédois affirme que la Suède s’assurera que « les produits agricoles provenant du Sahara occidental ne seront pas inclus dans les accords d’échanges (commerciaux, ndlr) avec le Maroc ». On notera que selon Les Ecos, « treize eurodéputés suédois sur 20 avaient voté contre l’adoption du protocole de pêche Maroc-UE ».
Au Maroc, aucun acte officiel
Côté marocain, le boycott « officiel » de la Suède a été annoncé à l’issue de la réunion du conseil du gouvernement tenue le 1er octobre. Depuis, le gouvernement s’est montré résolument discret à ce sujet. De fait aucune déclaration d’officiels ou d’éventuels textes de loi censés donner plus d’indications sur les produits boycottés par le Maroc n’ont vu le jour. Sollicités par Telquel.ma, le ministre de l’Industrie du Commerce, Moulay Hafid Elalamy, ainsi que le ministre délégué Chargee du commerce extérieur, Mohamed Abbou, n’ont pas pu être joints.
Si l’on se fie aux dernières actions des autorités marocaines, les seules entreprises suédoises visées par le boycott du gouvernement marocain sont Volvo et Ikea. Et encore, rien n’est officiel. Pour rappel, l’ouverture du magasin Ikea de Zenata a été annulée en raison de l’absence d’un « certificat de conformité » à en croire les autorités. Le distributeur de Volvo a quant à lui été contraint de quitter son siège de Casablanca suite à un différend qui l’oppose aux propriétaires du local depuis 12 ans. Des manifestants présents devant l’ambassade de Suède le 4 octobre ont exprimé leurs voeux de voir le boycott s’élargir a des marques comme Saab ou encore H&M, et Skype. Les autorités marocaines iront-elles encore plus loin ?
Source : telquel.ma