Un général algérien de premier rang indique le Maroc comme « ennemi »

General algerienDu 14 au 16 mars, une rencontre avait lieu à Tindouf entre les commandements de l’armée algérienne et des troupes du Polisario, la 10ème du genre, sous le thème « Persistance, défi ». Prenant la parole à cette occasion, le commandant de la 3ème Région militaire (Béchar, Sud-Ouest), le général-major Said Chengriha, a révélé la perception profonde des Algériens à l’égard de leur voisin marocain, en qualifiant explicitement le Maroc d’ « ennemi » des Sahraouis et aussi et surtout de l’Algérie, affirmation faite devant un parterre de généraux algériens !

Sortant de son rôle, le militaire algérien empiète sur le champ diplomatique et affirme que cette rencontre est une « véritable occasion d’échanger  les expériences militaires ainsi que les points de vue concernant l’affaire du Sahara », poursuivant que cela vise à réaliser les « objectifs communs entre les deux armées algérienne et sahraouie». Et le militaire de décrire ce qu’est cet objectif : « Restaurer la souveraineté du peuple saharoui frère sur ses terres injustement spoliées par le tyrannique occupant marocain »…

Si on retient les dernières menaces du Polisario de (re)prendre les armes contre le Maroc, ce propos du général Changriha signifierait-il que l’armée algérienne voudrait à son tour attaquer le Maroc ? On pourrait examiner la question, en effet, et en aviser l’ONU…

Chengriha continue sur sa lancée en recommandant de « multiplier les efforts, surtout quand on sait que l’Etat marocain occupant œuvre à déstabiliser les pays de la région et à prolonger les souffrances du peuple sahraoui »… Certes, mais alors comment expliquer que durant 40 ans, et avec la manne gazière que fut celle de l’Algérie, les quelques dizaines de milliers de Sahraouis vivent encore sous des tentes, voire à la belle étoile, sans eau courante ni électricité ? Et qu’ils ne sont même pas recensés, pas plus que leurs dirigeants, accusés par l’Europe, entre autres, de détournement des aides humanitaires de Bruxelles, ne sont sanctionnés, ou au moins limogés…

Ce qui suit est plus éloquent encore quant à l’état d’esprit algérien… « L’Etat marocain est actif dans le trafic des stupéfiants et le financement du terrorisme et de la grande criminalité, qu’il aide à attaquer notre pays »… On pourrait donc en déduire que la France, la Belgique, l’Espagne, les Etats-Unis et tous les pays de l’Afrique de l’Ouest font fausse route, en demandant son assistance au Maroc dans la lutte antiterroriste alors même que Rabat « finance le terrorisme et la grande criminalité »…

Ce discours du haut responsable algérien prend le contrepied des déclarations officielles de la diplomatie algérienne. En effet, alors que l’Etat algérien explique que sa position pro-Polisario est seulement humanitaire et juridique (achever le processus de décolonisation), le général évoque une étroite, une très étroite coopération militaire, stratégique et tactique entre l’armée algérienne et les combattants du Polisario, « pour défendre les frontières du pays ». Ceci est une preuve, une de plus, que le conflit entre Alger et Rabat trouve sa source dans l’armée algérienne, que le pouvoir politique en Algérie est bien incapable de contrôler.

A écouter ce général algérien qui s’exprime lors d’une allocution officielle écrite, on pourrait à juste titre penser que l’armée de son pays prépare une action contre le Maroc. il s’agit d’une brusque et grave évolution de la situation dans cette région du monde, située à proximité d’une Europe ensanglantée par le terrorisme et qui est à la recherche de stabilité à sa frontière sud, alors même que son flanc oriental est secoué par la combinaison de la guerre en Syrie et en Irak et de son prolongement naturel, l’immense vague de migrations.

Le général Chengriha va encore plus loin, devançant encore plus la diplomatie officielle algérienne : « L’Algérie déploie tous les moyens en son pouvoir pour instaurer la sécurité dans la région et de soutenir le peuple sahraoui frère pour construire son Etat et vivre dans la dignité… ce même Etat et cette même dignité que le trône marocain œuvre à saper au moyen de ses basses manœuvres et de celles de ses services de sécurité ». La charge est violente, de la part d’un des plus hauts gradés algériens, contre la monarchie marocaine et contre les services marocains, alors même que le gouvernement algérien entretient des relations diplomatiques, a minima certes mais des relations quand même, avec Rabat.

Saïd Chengriha achève son discours par « ses vœux les plus sincères pour que nos frères sahraouis vainquent leur ennemi tyrannique, et le nôtre aussi »… Dit par un militaire, commandant d’une région limitrophe au Maroc, le terme « ennemi » revêt une singulière (et inquiétante) importance.

Si cet officier n’est pas sanctionné par sa hiérarchie, cela voudrait dire que nous pourrions nous préparer à une période sombre dans la région, les militaires algériens semblant ne faire aucun cas des positions officielles de leur diplomatie. Le problème est que le pouvoir civil algérien étant en totale déliquescence, ce sont les militaires qui tiennent les rênes. Le Maroc s’en inquiète, l’Europe devrait s’en alarmer et les Nations Unies devraient s’en préoccuper.

Source : Panorapost.com

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