Paris, le 4 novembre 2019 (MAP). Après avoir porté devant la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU, l’affaire Ahmed El Khalil, un ancien dirigeant du « Polisario » disparu depuis 2009, l’avocat français Me Hubert Seillan, compte saisir la Cour pénale Internationale (CPI) et le comité des Droits de l’Homme à Genève sur ce cas de disparition forcée jamais élucidé.
Mandaté par la famille du disparu, dont deux de ses frères et deux de ses fils, Me Seillan, avocat à la Cour d’appel de Paris, a interpellé, récemment, la quatrième Commission au sujet du sort de son client Ahmed El Khalil, en charge du “dossier des droits de l’Homme et conseiller” auprès du chef du « polisario », arrêté le 6 janvier 2009 alors qu’il était en route pour intervenir à la faculté d’Alger sur les Droits de l’Homme où il comptait dénoncer certaines pratiques dans les camps de Tindouf, notamment des pratiques de malversation financière et d’atteinte aux droits de l’Homme.
« Ahmed El Khalil était en dénonciation de l’appareil lorsqu’on l’a arrêté. Depuis, on ne l’a plus jamais revu », confie Me Hubert Seillan à la MAP.
« Sa famille est venue à ma rencontre lors de l’un de mes voyages. C’était à Smara et l’un de ses frères puis un second sont venus et m’ont confié le dossier me demandant de les aider à y voir clair et de prendre la défense des intérêts de Ahmed El Khalil », affirme l’avocat français qui a accepté de prendre en main le dossier.
L’avocat français va rencontrer ensuite l’un des fils du disparu, Rachid El Khalil qui vit dans le Sud ouest de la France et qui va lui aussi le confirmer dans ce dossier. « Aujourd’hui, toute la famille m’a confirmé cette mission », affirme Me Hubert Seillan déterminé à faire toute la lumière sur ce cas de disparition forcée, tout en reconnaissant que la tâche est ardue.
D’abord, « j’ai commencé par envoyer une plainte à Alger auprès du procureur sans qu’aucune réponse me soit donnée. J’ai ensuite alerté la Croix rouge internationale. En vain. Ils prétendent que c’est aux gens de Tindouf de saisir la Croix rouge ». C’est d’un cynisme aberrant: « croyez-vous qu’il leur ait commode aux gens de Tindouf de saisir la Croix rouge », s’interroge Me Seillan qui regrette la position de la Croix Rouge.
« Je suis désolé, mais il faut le dire. Aujourd’hui, la Croix rouge pose un problème de formalisme qui me gène», affirme-t-il estimant qu’il y a des situations où la Croix rouge doit se saisir elle-même des dossiers.
Face à l’inertie de la Croix Rouge, Me Hubert Seillan décide alors d’avertir des ONG des Droits de l’Homme. Là aussi peine perdue !!. « Je me suis rendu compte que trop nombreuses sont celles-ci qui ont, malheureusement, il faut le reconnaître, une vision unilatérale des Droits de Homme », regrette-t-il.
Déterminé, l’avocat français décide de poursuivre sa quête de la vérité. Il décide alors de porter le sujet dans le cadre de la 4ème commission, devant laquelle il a fait une plaidoirie pour Ahmed El Khalil, avec à ses côtés, le frère du disparu venu de Smara et trois de ses cousins.
Dans sa plaidoirie Me Hubert Seillan affirme que son devoir d’avocat, profondément attaché au respect et à la défense des Droits Humains, le pousse à lancer « un appel urgent, immédiat et solennel » à la Commission de l’Assemblée Générale, pour « prendre acte de ces exactions et pour que justice soit faite au nom d’Ahmed El Khalil et des autres personnes soumises à ces violations ».
« Le « polisario » prouve, par ses actions, son profond déni des Droits de l’Homme. Nous devons collectivement condamner cette disparition et de telles pratiques. Il en va de notre crédibilité et des valeurs universelles que nous défendons ensemble dans cette enceinte des Nations Unies », a plaidé l’avocat français pour qui « le silence face à cette tragédie humaine est contraire aux responsabilités et aux engagements que nous portons collectivement ».
Mais conscient que l’ONU n’a pas de pouvoir de coercition, ni un pouvoir de contrainte dans ce genre d’affaires, Me Hubert Seillan décide de ne pas en rester là et de frapper à d’autres portes.
« J’en suis actuellement à envisager de déposer plainte à la Cour pénale internationale et à Genève au comité des DH de l’ONU », affirme-t-il, exprimant sa « profonde détermination » à apporter à ce dossier toute l’attention nécessaire « tant que j’aurais de la force ». « Je sais que ce sera difficile car il y a côté algérien une affaire quasiment d’Etat mais je dis très fermement à ce pays qu’il faut être capable d’analyser la réalité des faits ».
«J’invoque donc auprès de l’Algérie, le Droit d’inventaire. Je lui demande de réfléchir en termes d’inventaire et de comprendre ce qu’est aujourd’hui la réalité du Sahara. Une réalité admise par la plupart des pays du monde puisque les Etats qui ont apporté leur caution au Polisario il y a plus de 40 ans sont aujourd’hui bien peu nombreux. Ils ont rétréci comme peau de chagrin ».