Par Hamid SOUSSANY
Le Roi Mohammed VI vient de légiférer, conformément à la constitution, par un Dahir Royal( Décret) qui réglemente les statuts et les missions des imams au Maroc. Un Dahir qui interdit toute activité politique ou syndicale aux imams pendant l’exercice de leur mission, est de par l’étendue de sa signification, d’une importance capitale.
C’est un dahir qui fera date et qui marque le pas du principe de la séparation de la religion et de la politique en traçant les grandes lignes d’une laïcité à la marocaine, outre le fait que le Roi vient rappeler le rôle qui lui est dévolu par l’article 41 de la constitution : « Le Roi, Amir Al Mouminine, veille au respect de l’Islam. Il est le Garant du libre exercice des cultes. Il préside le Conseil supérieur des Oulémas, chargé de l’étude des questions qu’Il lui soumet…Le Roi exerce par dahirs les prérogatives religieuses inhérentes à l’institution d’Imarat Al Mouminine qui Lui sont conférées de manière exclusive par le présent article ».
Le Dahir 1.14.104 recadre les missions des imams qui doivent se limiter au champs religieux: l’appel à la prière, la lecture du coran et son explication…Les prêches doivent être imprégnés de valeurs de fraternité et de tolérance, sans aucun contenu politique, ils doivent accomplir la mission essentielle qui est d’inciter les fidèles à faire le bien et à éviter le mal.
Le Dahir rappelle le principe de neutralité et d’impartialité qui devront s’imposer aux imams, afin d’assurer à l’intérieur des mosquées une atmosphère de spiritualité et de communion. La croyance en Dieu ne doit pas être un sujet de discorde mais plutôt l’occasion où les âmes s’élèvent pour aimer Dieu et son prochain loin des divisions et les conflits d’intérêts que peuvent introduire la politique et les affrontements des groupes dans leur quête du pouvoir.
Quid de l’article 7 de la constitution?
Ce Dahir louable qui recadre les statuts et les missions des imams, nous renvoie inévitablement vers une autre problématique, telle les deux faces de la même pièce, et qui relève des fondements des partis politiques qui se servent de la religion comme fond idéologique dans l’exercice de leurs activités et dans leur conquête du pouvoir.
L’islam est un patrimoine collectif et personne n’a le droit de se l’approprier en exclusivité pour l’opposer aux autres.
L’article 7 de la nouvelle constitution marocaine stipule: « Les partis politiques ne peuvent être fondés sur une base religieuse, linguistique, ethnique ou régionale, ou,d’une manière générale, sur toute base discriminatoire ou contraire aux Droits de l’Homme ».
Tout un programme, qui nécessite du temps, de la réflexion, et probablement une révolution culturelle. A certains égards la constitution marocaine paraît en avance sur son temps, mais le plus important est de maintenir la cadence et de poursuivre les réformes pour un Maroc démocratique, pluriel, prospère, moderne et tourné vers l’avenir.