13ème Congrès du Polisario : Un conclave tendu des perspectives d’avenir peu rassurants pour les sahraouis
Le 13ème Congrès du Polisario s’est tenu du 15 au 19 décembre 2011 dans un contexte marqué par une série d’événements et de faits qui risquent d’hypothéquer l’avenir du mouvement indépendantiste sahraoui. » Son chef de file, Mohamed Abdelaziz, éternel et inamovible secrétaire général du Polisario, se heurte, depuis la première fois où les rênes du mouvement, à des défis majeurs posés, en premier lieu, par la situation propre du Polisario où règne un climat délétère résultant de l’omniprésence et l’omnipotence des apparatchiks de son appareil dirigeant, et, en deuxième lieu, à l’environnement régional marqué par le phénomène du » Printemps Arabe » et surtout par la chute de l’ancien président lybien Kadhafi, et ce, sans parler de son géniteur algérien qui est conforté à des problèmes politiques et économiques inextricables « , a déclaré un analyste politique au Maroc.
A côté de cela, le spectre du terrorisme et du crime organisé dans la région du Sahel, vient hanter la tenue de ce congrès si l’on considère le phénomène de glissement d’une partie des jeunes sahraouis, faute de perspectives rassurantes pour leur avenir, vers le radicalisme, la contrebande et les trafics en tous genres.
Une situation hautement explosive
Le climat général au sein des camps du Polisario à Tindouf demeure caractérisé par une méfiance de la population à l’égard du directoire rebelle, qui n’est pas prédisposé à opérer des changements de grande ampleur dans ses structures ainsi qu’au niveau de la gestion du quotidien des » sahraouis « .
Faute de mieux, les jeunes sahraouis battent le pavé depuis plusieurs mois et cherchent à faire entendre leur voix en organisant manifestations et sit-in qui de manière quasi quotidienne, depuis le mois de mars 2011. Le mouvement des jeunes du » 5 mars » est en sit-in permanent et a monté des tentes devant le siège du secrétariat général du Polisario qui cherche, par tous les moyens, à étouffer les voix de cette frange qui revendique courageusement le départ de Mohamed Abdelaziz et de son clan.
Les mouvements de contestation sont florissants et se multiplient faisant ainsi craindre au directoire du Polisario des émeutes à l’image de celles qui se passent dans plusieurs pays arabes. Des groupes dissidents ont ainsi émergé à l’image du » Rassemblement des jeunes de la tribu Laa Roussyine, Rguibat Oulad Daoud « , » Khat Achahid « , le parti » Rassemblement Sahraoui Démocratique » ;
M. Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, figure emblématique des aspirations des Sahraouis a été chassé des camps après avoir enduré les pires sévices et tortures dans le centre de détention de sinistre mémoire » Arrachid » dans les camps du Polisario.
D’autres voix se sont élevées à l’étranger parmi la diaspora sahraouie pour tenter d’attirer l’attention et l’intérêt de l’opinion internationale sur les malheurs des sahraouis placés en otage entre les mains de dirigeants qui n’ont d’autre souci que de se remplir les poches en détournant les aides internationales en profitant des trafics de drogue et de la contrebande dans la zone.
Les communiqués diffusés par ces contestataires fustigent la tenue du 13ème congrès dans la zone Tifariti en raison de son éloignement des camps et qualifient cet événement de simulacre visant à reconduire le clan de Mohamed Abdelaziz à la tête du Polisario et pérenniser l’exploitation du calvaire de la population sahraouie à des fins d’enrichissement personnel. Les contestataires leur reprochent notamment le fait de les avoir disqualifié en écartant leurs demandes de participation au congrès dans le but évident de conforter les velléités de son chef indéboulonnables d’être reconduit pour un énième mandat
Luc-Roger Mbala Bemba