Alger, le 17 février 2021 (MAP) Tous les ingrédients d’une explosion sociale en Algérie sont réunis, a mis en garde le politologue algérien, Sofiane Sekhri.
“On ne règle pas une crise politique aussi complexe avec des élections législatives qui vont reproduire le même système”, a insisté ce professeur en sciences politiques à l’université d’Alger, Sofiane Sekhri, qui est également militant politique, dans entretien au journal “Liberté”.
Il a soutenu que le processus actuel sera un effet domino d’échecs avec des processus interconnectés, expliquant que dès lors qu’il y a eu échec de la présidentielle, du dialogue et de la révision de la Constitution, les élections législatives et locales seront forcément un échec.
Il a estimé que le “processus actuel se poursuivra de la même manière et engendrera les mêmes échecs”.
“Absorber la colère populaire avec un changement de gouvernement est une continuation des politiques de bouc émissaire car l’échec du gouvernement est un échec du système”, a-t-il dénoncé.
Selon lui, la situation actuelle représente une opportunité pour la majorité silencieuse et l’électorat, qui ont boycotté et rejeté la Constitution pour s’organiser sous une direction politique non partisane et s’établir comme un front populaire alternatif.
Revenant sur les consultations en cours pour l’organisation d’élections législatives et locales anticipées, le chercheur a noté qu’après le soulèvement populaire du 22 février 2019, qui a chassé le président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne, le peuple algérien ne fait plus confiance aux partis politiques.
Tout en qualifiant ces consultations avec ces partis de “provocation”, il a souligné que ces partis politiques, aux yeux de la population, s’affichent dans l’optique de participer aux élections législatives où ils espèrent obtenir des quotas.
Le plus problématique est que cela se passe au moment où il y a une volonté de réinvestir la rue, fait-il observer, notant que pis encore, sur les réseaux sociaux, “il y a beaucoup de haine sociale qui s’exprime et qui nous éloigne des traditionnelles revendications sociales”.
M. Sekhri a rappelé que les Algériens ont “assisté à un dialogue à sens unique”, estimant que le pouvoir a refusé d’offrir aux Algériens ce contrat social, alors qu’il a compris que “le rejet de la population s’est exprimé soit par l’abstention, soit par le -non-” lors de la dernière consultation référendaire sur la Constitution.
Le politologue a estimé que la nouvelle Constitution n’a pas réglé le problème des équilibres des pouvoirs car “on ne s’est pas éloigné du pouvoir personnel. Bien au contraire”.
Il a soutenu qu’on ne peut pas aller vers “une Algérie nouvelle” sans prendre compte de la majorité des Algériens, faisant état d’un “fossé entre le peuple et le pouvoir”.