Officiers EIGS/Polisario
L’organisation de l’?tat islamique au Grand Sahara (EIGS) déplore la mort de quatre de ses dirigeants dans le Sahel. Cette annonce a suscité plusieurs interrogations sur les liens avérés du Polisario avec de nombreux groupes terroristes et du crime organisé. Ces liens ont été dénoncés à plusieurs occasions par les experts des Nations Unies, de l’UE et du centre d’étude spécialisé dans la sécurité et la stabilité au Sahel. Le Polisario est désormais considéré comme organisation terroriste.
En effet, l’EIGS se revendiquant du Jihadisme et du Takfirisme, a diffusé dans une bande vidéo, les circonstances de la mort de chacun de ses dirigeants également officiers du Polisario qui opéraient essentiellement dans la zone du triangle de la mort (Mali, Niger, Burkina Faso).
Ces quatre dirigeants ont été tués dans la zone des « 3 frontières » lors de différentes interventions éclair de la force Barkhane et Takouba, appuyées par le renseignement américain qui survole le Sahel (Satellites espions, drones, avions de renseignement, etc…). Il s’agit d’Adnane Abou Walid al-Sahraoui, ancien porte-parole du MUJAO à Gao puis émir de l’EIGS (abattu le 17 août 2021), d’Abou Abderrahmane Al Sahraoui et de Issa Sahraoui, cadres du groupe ?tat islamique au Grand Sahara (EIGS), et d’Abdelhakim Sahraoui « l’égorgeur du Sahel » (abattu en mai 2021). Dans cette vidéo, l’organisation de faux Jihadistes et de trafiquants occulte d’autres dirigeants des autres organisations de la nébuleuse terroriste également membres du Polisario : il s’agit notamment des Mourabitounes de Mokhtar Marlboro dit le borgne, d’Ansar-Eddine d’Iyad Ag Ghali et des Signataires par le sang responsables de l’attaque du complexe gazier de Tiguentourine (In Amenas) dirigée par Elyamine Bouchneb, lui aussi, ancien du Polisario. Il est à noter que ces groupes ou groupuscules changent souvent de dénomination et de sigle afin d’ajouter un peu plus d’opacité sur le terrain et plus de confusion dans les esprits.
Bases-arrières, de Tindouf à Tamanrasset
Les armées nigérienne et malienne affirment avoir récemment tué 79 terroristes dans la région de Ménaka dont plusieurs étaient en possession de cartes d’identité du Polisario. Les cadavres et leurs documents sont toujours en leur possession. Les rapports internationaux soulignent que les éléments actifs des organisations de faux jihadistes ont un lien direct avec la milice du front Polisario à Tindouf. Plusieurs éléments de ce front manipulent kalachnikov, or, cigarette, psychotropes, drogues, carburant de contrebande, et immigration clandestine. Le soit-disant chef d’?tat-major du Polisario, Mohamed Laakik et le chef de la « première région militaire » fantomatique du Polisario, Mohamed Taleb, frontalière à la Mauritanie, sont directement responsables de la formation des membres de plusieurs organisations terroristes dans les camps de Tindouf qui leur servent de base arrière. Ils sont, en outre, chargés de la régulation de la rente générée par la contrebande et de sa répartition entre les différents groupes opérationnels.
Les camps de la mort à petit feu
Les rapports internationaux tentent d’analyser ces liens opaques et confus mais ne citent pas les crimes du Polisario, lui-même, contre des innocents et que la presse espagnole vient de révéler : le kidnapping des pêcheurs espagnols dans l’océan atlantique, la disparition de plusieurs mauritaniens qui ont décidé un retour dans leur pays d’origine, les prisonniers marocains torturés à mort dans les prisons illégales de Rachid et de Rabbouni, d’autres viols de jeunes filles, à l’image du chef du Polisario lui-même poursuivi en justice pour viol en Espagne, et l’immigration forcée des enfants vers Cuba parrainée par le parti communiste espagnol et la confédération ouvrière espagnole, faisant office de sous-prolétariat dans les usines de cigares et dans l’agriculture. Crimes contre l’humanité et crimes de guerre que le HCR devrait pourtant bien éclaircir un jour en vue de la saisine du Tribunal pénal international.
Les faire-part nécrologiques de l’EIGS devraient inspirer aux défenseurs des droits humains l’ouverture d’une enquête internationale sur les crimes de guerre du Polisario, sur ses liens concrets avec les groupes dits jihadistes, sur les réseaux mafieux, qui s’activent dans le Sahel. ? cet égard, il faut souligner que les relations étroites entre le Polisario et les groupes armés terroristes déployés au Sahel, entretiennent la propagation de la subversion et la consolidation de l’instabilité. La dépendance de ces groupes dans leur ligne d’approvisionnement et de financement vis à vis du Polisario, révèle une interdépendance pyramidale dirigée par le Polisario à Tindouf qui parraine par procuration les activités illégales précitées. Le Polisario se nourrit idéologiquement de par ces groupes en raison d’un encadrement défaillant et de la faiblesse de sa doctrine politique. Le discours jihadiste et takfiriste, très propagé dans les camps de Tindouf, permet au Polisario de souder à moindre frais une jeunesse en perte de repères et le tissu social et tribal sous l’égide du Jihadisme et de la contrebande. Il agit dans ce contexte en tant qu’agent de liaison au service de son géniteur principal, l’?tat-major de l’ANP et les commandants des régions militaires limitrophes sur des milliers de kilomètres de frontières avec le Sahel. Dans ce cadre, le Polisario, génétiquement lié à ces groupes de faux Jihadistes, parraine leurs activités afin de s’assurer une survie réciproque, sur le modèle mafieux classique (Amérique latine, Italie etc.). La stratégie de leur incubateur consiste à semer le chaos et le désordre pour asseoir son hégémonie dans la région. Les camps de sahraouis sont encerclés par l’Anp et les agents du DRS y participent activement aux interrogatoires et aux activités de torture. Les disparitions sont légion notamment d’opposants de ce front factice comme le mouvement dissident Khat Elchahid (« la ligne du martyr »). L’ANP y a mis en place des structures d’exploitation sexuelle à grande échelle pour ses propres soldats. La propagation du Sida et de diverses maladies transmissibles sexuellement sont avérées depuis plusieurs décennies. C’est aussi pour cette raison qu’Alger et ses sbires du Polisario interdisent le recensement et l’inspection physique et sanitaire des séquestrés des camps de la Hamada.
Donneur d’ordre et sponsor
La mission multidirectionnelle du Polisario dans l’espace sahélo-maghrébin confirme la relation entre plusieurs acteurs dont le rôle est de perpétuer la menace sur le terrain et de garantir les enjeux d’autres puissances. En qualifiant cette milice de terroriste, il s’agit de mettre en lumière les preuves de son implication directe dans l’insécurité et la violence qui se multiplient de jour en jour. Cet accroissement exponentiel démontre sans équivoque la dépendance du séparatisme et du terrorisme vis-à-vis d’un même donneur d’ordre, d’un même sponsor.
Les rapports
D’après le rapport Global Terrorism Index 2023, la zone Sahélo-Saharienne à la frontière sud du Sahara, selon l’institut australien pour l’économie et la paix, est devenu le centre du terrorisme dans le monde. Il examine les tendances et les schémas mondiaux du terrorisme au cours de la dernière décennie. Ce rapport aura-t-il pris bonne mesure du rôle et de la responsabilité du Polisario dans le fléau de la recrudescence des activités terroristes ? Cette région dont la majorité de la population est paisible et pacifique représente 43 % du nombre total de morts causés par les attentats dans le monde. Soit une augmentation d’attentats terroristes de 7 % au titre de l’année 2022. Cette statistique dépasse celle de l’Asie du Sud ou celle du Moyen-Orient. La région du Sahel en Afrique subsaharienne est désormais l’épicentre mondial du terrorisme. Selon le rapport australien, l’augmentation du terrorisme au Sahel a été spectaculaire en augmentant de plus de 2 000 % au cours des 15 dernières années. Les victimes expiatoires de cette situation sont toujours les populations de l’Azawad, touarègues, arabes et peules, dont une grande partie a été contrainte à l’exil en Mauritanie et dans les pays voisins.
Par ailleurs, les conclusions de Laurence Mulliez, chercheuse espagnole de l’université de Barcelone, sur la milice du Polisario montre que cette dernière n’est ni un mouvement de libération ni un mouvement populaire car la prise de décision et l’organigramme de ses relations dépend strictement de la boite noire des Taggarins (Alger, ministère de la défense). Laurence Mulliez désigne « une organisation dangereuse » biberonnée par l’ANP dont elle est devenue une force auxiliaire dans la stratégie sahélienne de l’Algérie. Les conclusions édifiantes du rapport de ce professeur, montrent que tout dépend du financement d’Alger et de l’exécution à la lettre de ses ordres. Les liens entre l’?tat russe qui sous-traite à la milice Wagner les basses œuvres en Afrique et ceux de l’ANP sous-traitant les basses œuvres au Polisario et aux divers groupes terroristes islamistes présentent certaines similitudes.
Les trois agendas qui se chevauchent, terrorisme, séparatisme et crime organisé, ont été soulignés par l’expert Solomon Assor Sydney, président de l’ONG « Surry three faiths forum ». Son intervention devant la quatrième commission de l’Assemblée Générale de l’ONU a indiqué que les camps de Tindouf constituent, de longue date, des foyers de répression de populations séquestrées, reliés à des réseaux terroristes et de trafiquants d’armes, de drogue et d’êtres humains. De décennie en décennie, Tindouf se sera transformée en un immense vivier de terroristes et de hors-la-loi. Les trafiquants internationaux trouvent dans la milice du Polisario et dans ses camps, un refuge indispensable qui leur fournit de la nourriture à partir des dons humanitaires détournés adressés en premier lieu à la population prise en otage, mais aussi des armes, des véhicules, du carburant et d’autres éléments indispensables de logistique.
Complicités étatiques
En conclusion, le Polisario est un facteur de déstabilisation pour la paix internationale dans la région sahélo-saharienne. Le conflit artificiel autour du Sahara marocain a conduit à un mariage d’intérêt entre le Polisario et les réseaux terroristes liés au crime transfrontalier très actifs. Pour les experts, la survie de ce front est une prime à l’encouragement des groupes armés non étatiques qui sévissent dans la région et constituent un danger permanent pour les populations. Ce front hypothèque leur avenir et leur aspiration à une vie digne et paisible. La complicité d’un ?tat de la région, l’Algérie, pour ne point la nommer, et les exactions des régimes putschistes complexifient la situation. La junte militaire d’Alger est persuadée que sa stabilité, sa sécurité nationale et sa puissance régionale reposent sur l’insécurité et l’instabilité chez ses voisins. Une solution pérenne, des plus sages, se résumerait dans la dissolution d’un Polisario agonisant mais malfaisant. Une solution à même de ramener plus de paix et de concorde dans la région.
Source : Abderrahmane Mekkaoui / Chekib Abdessalam ( Sahara-central.info )