SM le Roi adresse un message aux participants aux troisièmes assises des adeptes de la Tarika Tijania à Fès

Voici le texte intégral du message royal, dont lecture a été donnée par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Ahmed Toufiq :

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«Louange à Dieu, Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons
Eminences,
Mesdames, Messieurs,
Nous tenons tout d’abord à exprimer la joie et la fierté que Nous inspire cette réunion bénie. Les adeptes de la Tarika Tijania tiennent ces assises pour la troisième fois au Royaume du Maroc dont la capitale spirituelle, Fez, abrite le mausolée du pieux savantissime Sidi Ahmed Tijani, fondateur de la Tarika précitée.

Comme vous le savez, le vénéré saint homme Sidi Ahmed Tijani a choisi cette ville comme lieu de résidence, siège principal de sa Zawiya et centre de rayonnement de la Tarika qui porte son nom. Loin d’être une coïncidence ou le fruit du hasard, ce choix tient au fait que le saint homme mesurait à quel point le Maroc était attaché à l’Islam, soucieux de se conformer aux prescriptions de la «Sounna» du Prophète, le Sceau des Messagers, Notre aïeul, l’élu de Dieu – paix et salut sur lui-. Ce choix s’explique également par la sollicitude toute particulière que manifestaient les Rois du Maroc – Nos glorieux ancêtres – aux savants et aux figures de proue du Soufisme. Il est dû, en outre, à cette particularité qui caractérise l’histoire du Maroc, à savoir la «Beïa» (allégeance) à «Imarat Al Mouminine» (Commanderie des croyants). En effet, cette institution a été un socle d’appui pour l’Islam sunnite médian dans Notre Royaume. Elle représente pour le peuple marocain un sanctuaire de sécurité, un havre de paix, et un pôle de convergence et de convivialité.

Voilà pourquoi, dans le Nord-Ouest de l’Afrique, le Maroc a toujours été une citadelle inexpugnable, un phare balisant la voie du salut, éclairant les consciences dans toutes les contrées sub-sahariennes, sous l’impulsion de ses grands monarques et sous la direction de ses oulémas émérites et de ses soufis accomplis, qui joignaient à la maîtrise de la loi, l’orthodoxie de la méthode et la quête de la vérité.

La Tarika Tijania fut fondée par le saint homme, le parangon de la vertu, Sidi Ahmed Tijani au 12ème siècle de l’hégire. Elle s’est construite sur le socle de la foi, de la piété et de la quête constante de la bénédiction divine.
Elle a pris son essor en alliant science de l’apparent et science ésotérique, en intensifiant les efforts, et en multipliant les invocations de Dieu. Elle s’est attachée aux prescriptions de la Sounna Prophétique, en s’investissant dans l’unification de la communauté et dans la diffusion de l’amour et de la concorde au sein de la Oumma.

Dans cette entreprise exaltante, la Tarika Tijania a été l’objet d’une parfaite et constante sollicitude de la part de Nos vénérés aïeux, les Rois de la Dynastie Alaouite.

En tête de ces monarques fut le Sultan Moulay Slimane, qui a accueilli chaleureusement avec tous les égards dus à son rang, le Cheikh Sidi Ahmed Tijani, à son arrivée dans cette cité dont les oulémas et les disciples ont, comme il se devait, manifesté à son égard, une grande réceptivité spirituelle.

Nul n’ignore le rôle majeur que la Tarika Tijania a joué dans toute la région sub-saharienne et le Sahel occidental, à l’Est, comme à l’Ouest, dans la diffusion de l’Islam authentique et la propagation des vertus morales qu’il prône. Nous savons comment ses adeptes se sont employés, avec sincérité et dévouement, à extirper des milliers d’africains du carcan mystificateur du paganisme et de l’idolâtrie, et à les soutenir dans leur résistance contre le colonialisme. Grâce au message radieux qu’ils ont propagé et à l’éducation édifiante qu’ils ont prodiguée, l’Islam s’est affirmé comme la voie idoine de la piété et de la probité, de l’amour et de la fraternité pour tous les pays et les contrées qui ont accueilli de bonne grâce le message de la Tarika. Le Maroc est donc resté, sous la conduite de mes glorieux aïeux, fidèle à ses traditions ancestrales de soutien et de sollicitude à l’égard du soufisme et de ses adeptes. Leurs mausolées et leurs «zaouiyas» étaient l’objet de toutes les attentions et tous les égards, tant qu’ils s’astreignaient à la voie de la Sounna Prophétique et à l’unité de la nation et de la communauté sous la direction de la Commanderie des Croyants. A celle-ci revient la charge de veiller à la préservation de la communauté de rite de la Oumma, de son unité nationale et de son intégrité territoriale. Il lui appartient également de veiller à la diffusion des valeurs prônant le juste milieu, la modération et la coexistence et favorisant le renforcement des liens de fraternité entre les africains. Car, en effet, cette fraternité constitue le socle inébranlable sur lequel reposent les édifices de coopération dans tous les domaines de développement humain en Afrique.

Ce sont autant de motifs pertinents pour que Nous demeurions, en Notre qualité d’Amir Al-Mouminine (Commandeur des croyants) attaché à la protection de l’espace religieux, à la consolidation des valeurs de tolérance et de modération prescrites par l’Islam, et au rejet de l’extrémisme aveugle et de la politisation tendancieuse de la religion. C’est cette démarche que Nous essayons d’enraciner dans le Royaume, et que Nous mettons en œuvre en collaboration avec nos frères les Chefs d’Etat africains.

Nous avons à cœur de coopérer de façon constructive avec les pays islamiques frères, en vue de sceller les liens d’unité et de complémentarité entre nous, de récuser la discorde et les dissensions et de soutenir le bon voisinage avec nos frères maghrébins.

Mesdames, Messieurs,

Cette politique éclairée, que Nous menons avec foi et détermination, s’inscrit dans une optique unitaire résolue et dans une stratégie ambitieuse fondée sur la dynamisation du rôle du soufisme dans la dissémination de la sécurité spirituelle et la diffusion des valeurs d’amour et de concorde, loin du fanatisme et de la haine. C’est dans ce contexte que la Tarika Tijania tient les présentes assises. Elle s’apprête à se pencher sur des questions internes, celles relatives à ses zaouiyas et à la coordination entre les responsables de ses organes. Elle va engager des échanges de vues afin d’élaborer des plans d’action pour une mise à niveau de l’éducation spirituelle à la lumière des nouvelles réalités. Tout cela traduit à quel point vous mesurez la nécessité pour la Tarika Tijania de remplir pleinement sa mission dans cette conjoncture historique pour les sociétés musulmanes. En effet, celles-ci ont besoin, plus que jamais, du concours de tous les oulémas, théologiens, soufis et autres parties prenantes pour relever le défi de l’extrémisme aveugle et contrecarrer les démons du séparatisme et de la division.

Pour répondre à une exigence aussi pressante, il n’y a d’autre choix que de procéder à une mobilisation collective de tous ceux qui appellent à un Islam médian dans sa démarche sunnite en terre d’Islam. Car il s’agit de barrer la route aux chantres du radicalisme, du terrorisme, de la dissension, du démembrement et des doctrines mystificatrices. Nul doute que les zaouiyas tijaniyas, avec tous leurs adeptes, sont appelées à concrétiser les prescriptions de leur juste crédo, fidèles, comme toujours, à la Sounna Prophétique, animées de la volonté de répandre l’amour et la fraternité parmi leurs adeptes, et d’élever la conduite et le comportement de leurs affiliés. Elles œuvreront ensemble, dans un esprit de solidarité effective, pour resserrer les rangs et transcender les velléités de division et de dissension.

Aussi, la réunion, que vous tenez aujourd’hui, Eminences, sur la terre du Royaume du Maroc, vient refléter l’intérêt particulier que Nous attachons au soufisme et à la mise en œuvre de l’approche éducative qui lui est propre, et qui vise à amender la personnalité de l’individu musulman. En effet, vous aurez l’occasion de mesurer toute la bienveillante et constante sollicitude dont Nous vous entourons, et la volonté dont il est fait preuve, sur instruction de Notre Majesté à notre ministre des Habous et des affaires islamiques, pour vous assurer les conditions propices au dialogue, à l’échange d’avis et d’exhortations et à l’entente. Ainsi se réalisera Notre vœu de vous voir remplir la mission éducative et spirituelle qui vous incombe, par la prise en charge concrète et, voire, la rénovation du rôle dont se sont acquittées, aux époques lointaines, les confréries soufies, entre autres la Tijania.
En effet, elles œuvraient à concilier charia et mystique confrérique avec un souci d’harmonie et de discipline, à unir les cœurs, à fédérer toutes les composantes de la Oumma islamique autour d’un même credo, notamment dans la région du Maghreb arabe, et à les aiguillonner sur le chemin de l’unité, de la cohésion et de la concorde.

Mesdames, Messieurs,

Eu égard à la charge suprême de la Commanderie des Croyants dont Dieu Nous a investi, Nous avons constamment manifesté Notre sollicitude aux confréries soufies qui veillent à inculquer à leurs adeptes les valeurs morales inspirées de la vertueuse Sunna du Prophète et de Sa tradition sublime.

Ces égards leur sont montrés à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc, plus particulièrement dans les pays africains frères où Nous nous attachons à raffermir les liens unissant leurs peuples et à renforcer davantage la coopération étroite avec leurs directions éclairées. Notre seul objectif est d’aider ces pays à assurer leur renaissance, à développer leurs potentialités et à disséminer les valeurs de tolérance, de coexistence, de concorde et de cohésion entre leurs différentes composantes. En cela, Nous sommes convaincu de l’opportunité de mobiliser les énergies spirituelles et de mettre en œuvre l’approche divine pour leur permettre de façonner leur personnalité propre.

Nul doute que la confrérie Tijania est forte d’un capital historique appréciable dans ce domaine éducatif. Marqué du sceau de la sagesse, ce patrimoine est voué à purifier les âmes et à contrecarrer la déferlante du matérialisme né de l’ébranlement des valeurs et de la défiance généralisée à l’endroit de la religion en raison de l’image peu reluisante que les fanatiques renvoient d’elle. D’où la nécessité de revivifier l’approche soufie sous toutes ses formes et dans toutes ses tendances, afin de guérir les âmes en en bridant les pulsions et en restaurant l’équilibre entre l’esprit et la matière, à la lumière de l’idéal de juste milieu prôné par l’islam.

Pour conclure, Nous nous réjouissons des sentiments d’attachement et de dévouement que tous les Tijanis, unanimes, portent, depuis la création de leur confrérie, à l’égard du Roi du Maroc en sa qualité de Commandeur des Croyants et descendant du Prophète. Nous leur sommes pareillement fidèle et les gratifions de Notre constante sollicitude, où qu’ils soient. Nous les appelons par ailleurs à continuer à faire du Maroc leur destination en tout temps, à l’instar du fondateur de la Confrérie, que Dieu l’agrée, lequel avait choisi de s’installer dans ce pays où règne la sécurité, et y avait trouvé un lieu de résidence des plus appropriés. Nous vous demandons, Eminences, de consacrer une partie de vos prières exaucées à Notre Majesté, et ce, chaque fois que pendant vos sessions d’invocation du Seigneur, se révèlent les réalités occultes de l’Au-delà, et qu’adviennent les moments où les vœux sont comblés.

Nous vous souhaitons, Mesdames et Messieurs, la bienvenue en tant qu’hôtes privilégiés à Fès, cité des mille saints parmi les plus illustres imams de l’Islam et vous renouvelons l’expression de Notre constante et bienveillante sollicitude. Puisse Dieu guider vos pas sur les traces de la tradition vertueuse du Prophète, paix et prière sur Lui.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh». (MAP)

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