Message Royal aux participants au Forum Crans Montana à Dakhla

Dakhla, 13 mars 2015 (MAP) – SM le Roi Mohammed VI a adressé, vendredi, un message aux participants au Forum Crans Montana, qui se tient à Dakhla, et dont lecture a été donnée par le Chef du gouvernement, M. Abdelilah Benkirane. Voici le texte intégral du message royal: « Louange à Dieu Prière et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

C’est avec un réel plaisir que Nous nous adressons aux participants à cette édition du Forum de Crans Montana dédiée à l’Afrique, et qui réunit, sous Notre Haut Patronage, des personnalités issues de divers horizons et jouissant d’une renommée internationale incontestable.

A tous, Nous souhaitons la bienvenue au Maroc, et plus particulièrement dans la ville de Dakhla, la perle du Sud du Royaume. Nous tenons à vous féliciter pour ce choix judicieux spécifiquement à la lumière de la thématique centrale de votre forum.

En effet, le nouveau modèle de développement de la région du Sahara adopté par le Royaume ambitionne de faire de cette région un hub entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Dans ce sens, la ville de Dakhla est appelée à avoir une position centrale dans le futur hub économique africain qui sera dédié au service de la paix et de la stabilité dans la région subsaharienne.

Ce nouveau modèle de développement, procède d’une vision politique ambitieuse à la faveur d’une nouvelle génération de réformes institutionnelles basées sur la régionalisation avancée.

En effet, le Royaume ambitionne de mettre en valeur les spécificités locales de ses territoires, de promouvoir la bonne gouvernance locale et de développer, au niveau des régions, des politiques publiques garantes de l’efficacité de l’intervention de l’Etat et de son partenariat avec les collectivités territoriales.

Dans ce cadre, la ville de Dakhla est vouée à devenir une plateforme d’échanges multiformes entre l’Atlantique, le Maghreb et le Sahel.

Aussi, la présence de participants de tous bords et de divers horizons (Etats, sociétés civiles, acteurs économiques ,) tout comme l’importance des thématiques qui seront abordées nous confortent dans ces choix stratégiques pour un continent africain solidaire et tourné résolument vers l’avenir.

Vous rendez ainsi hommage à l’action que Nous menons avec persévérance en faveur de Notre Continent. En effet, le Maroc ne cesse d’œuvrer en faveur d’une Afrique moderne, audacieuse, entreprenante et ouverte , une Afrique fière de son identité, forte de son patrimoine culturel et capable de transcender les idéologies surannées.

C’est pourquoi, nous tenons, aujourd’hui, à rendre un vibrant hommage à M. Jean Paul Carteron qui a su mettre à profit son expérience riche et éclectique pour servir de nobles causes à travers le dialogue et le partage.

Le choix, logique et raisonné, de l’éminente institution qu’il représente, pour la terre du Sahara marocain sera sans nul doute un facteur de succès et de réussite.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le thème de la coopération sud-sud et le développement de l’Afrique que vous avez choisi pour vos travaux, est d’une grande pertinence et d’une remarquable actualité, Il reflète sans doute notre ambition commune de placer l’Afrique au cœur des grandes préoccupations géopolitiques mondiales.

A cet égard, les concepts de la coopération sud-sud doivent intégrer la nouvelle donne du 21ème siècle et s’adapter en fonction des tendances lourdes induites par la mondialisation sous ses multiples facettes.

Dans le même ordre d’idées, Nous avons constamment plaidé en faveur d’une coopération efficiente et solidaire, tirant le meilleur parti des opportunités offertes par la coopération triangulaire, tant au niveau régional qu’avec les pays du Nord. Bien évidemment, cette action doit être menée dans un esprit de respect mutuel, d’équilibre et de prise en compte des intérêts des différents partenaires.

Le Royaume du Maroc qui a fait de la coopération sud-sud l’un des piliers de sa politique extérieure, développe, avec l’élan d’ouverture nécessaire, des partenariats tout aussi fructueux avec ses partenaires européens, nord-américains et asiatiques. C’est précisément ce modèle partenarial, à caractère multidimensionnel et mobilisant plusieurs acteurs, qu’il nous appartient de promouvoir avec persévérance, en faveur d’un développement accru de l’Afrique.

Notre continent est celui qui a payé le plus lourd tribut à la colonisation et à la guerre froide, et continue malheureusement, encore aujourd’hui, à en subir les séquelles.

En Afrique, les frontières héritées de la colonisation sont encore et souvent la source majeure de tensions et de conflits, il nous appartient, nous africains d’innover pour en faire des espaces ouverts favorisant les rencontres et les échanges fructueux entre les sociétés africaines.

L’Afrique est également un continent traversé par des lignes de fracture économiques, politiques et culturelles qui génèrent des crises multiformes, alors que la pluralité et la diversité de ses formidables richesses humaines et naturelles devraient, au contraire, constituer le meilleur catalyseur pour l’intégration régionale et les complémentarités entre ses espaces, de sorte à éliminer les séquelles du morcèlement dont le continent a fait l’objet durant la période coloniale, et qui a favorisé les tensions politiques et ethniques.

C’est aussi un continent confronté à une précarité sécuritaire croissante et inquiétante. De nouveaux périls transnationaux, tels que le terrorisme, le crime organisé, le trafic des stupéfiants, la traite des humains et l’extrémisme religieux, se sont développés de façon alarmante dans de nombreuses régions africaines. Autant de défis majeurs qui appellent des réponses transnationales et nous mettent devant l’exigence d’une réflexion collective concertée à la problématique sécuritaire.

Mais, motif d’espoir confortant nos ambitions et nos desseins communs, l’Afrique est le continent qui dispose aujourd’hui de plus d’atouts multidimensionnels pour incarner l’avenir du monde.

– Le continent africain est celui dont l’économie a le plus crû depuis 2000, et dont le commerce avec le reste du monde a augmenté de plus de 200 % au cours de la même période.

– Notre continent comptera près de 2 milliards d’habitants à l’horizon 2050 et devra mettre à profit ce formidable potentiel démographique, particulièrement la jeunesse, pour consolider sa place dans l’économie mondiale.

– C’est le continent qui dispose du plus grand potentiel de richesses naturelles qu’il convient de valoriser et d’exploiter au bénéfice du développement humain durable de ses populations.

– C’est le continent dans lequel la démocratie et la bonne gouvernance se construisent et se renforcent chaque jour davantage.

C’est ce qui Nous permet de conclure que l’Afrique se trouve aujourd’hui dans une phase charnière de son histoire, et qu’elle a besoin de la mise en place de stratégies, instruments et mécanismes novateurs pour consolider sa marche vers le progrès.

Il faudrait à cet effet que l’Afrique s’affranchisse définitivement des carcans hérités de son passé colonial et se tourne résolument vers son avenir, en faisant davantage confiance à elle-même et à ses propres capacités.

L’Afrique a besoin d’élaborer et de soutenir des partenariats gagnant-gagnant.

L’Afrique a besoin de favoriser sa part dans la chaîne internationale de la création de la valeur.

L’Afrique a besoin de faire progresser l’intégration économique régionale et de bâtir des espaces communs de prospérité permettant la libre circulation des biens et des personnes.

L’Afrique a besoin d’investir massivement dans son infrastructure et d’améliorer les conditions de vie de ses citoyens.

L’Afrique a aussi grand besoin d’énergie pour mener à bonne fin ses efforts de développement. Pour cela, elle dispose de potentialités considérables en matière d’énergies renouvelables, qu’il convient de mobiliser pour réaliser son développement durable.

A cet égard, l’idée d’un projet dédié au développement des énergies renouvelables en Afrique tire sa pertinence des riches opportunités que l’Afrique atlantique offre dans le domaine des énergies éolienne et solaire.

Toute aussi judicieuse est la nécessité de mobiliser les leviers de la coopération interafricaine. L’histoire nous enseigne que l’interdépendance économique, politique et sociale est une condition essentielle pour l’émergence. C’est pourquoi le Maroc est conscient qu’un développement en îlots est voué à l’échec.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le Maroc fait de l’Afrique une des priorités stratégiques de sa politique extérieure. Ce choix puise ses fondements dans l’appartenance géographique du Maroc au continent et dans son histoire millénaire qui a profondément façonné son identité et sa culture africaines. C’est ainsi que le Royaume est tout naturellement conforté dans sa vocation africaine en tant que pôle de stabilité, de développement régional et de rayonnement culturel et civilisationnel.

Notre volonté de renforcer la coopération avec les pays africains frères est remarquablement illustrée par les visites successives que Nous avons effectuées dans plusieurs pays du continent, et qui ont permis la réalisation de projets concrets et la conclusion de multiples accords de coopération touchant plusieurs domaines.

Le Royaume du Maroc qui a toujours rejeté la logique de « l’afro-pessimisme », prône et défend une action solidaire, déterminée et volontariste pour l’émergence d’une « nouvelle Afrique ». Celle-ci, nous l’appellerons toujours de tous nos vœux et mobiliserons résolument nos efforts pour y parvenir.

La politique africaine du Maroc s’appuie ainsi sur une démarche globale, intégrée et inclusive visant à promouvoir la paix et la stabilité, à favoriser le développement humain durable et à préserver l’identité culturelle et spirituelle des populations, dans le respect des valeurs universelles des droits humains.

L’originalité de cette politique réside également dans le fait qu’elle n’est plus l’apanage exclusif du gouvernement ou des acteurs institutionnels. Elle est, bien au contraire, de plus en plus assumée et prise en charge par les opérateurs économiques privés, et intègre les acteurs de la société civile.

A cet égard, l’action du Maroc vise à soutenir les pays africains frères dans les efforts consentis pour bâtir des économies solides, par le transfert des savoir-faire, la formation des ressources humaines, l’investissement dans les secteurs clé de l’économie et la mutualisation des ressources.

Par ailleurs, au regard de l’importance des sous ensembles régionaux, le Maroc ne cesse d’appeler en faveur de la relance de l’Union du Maghreb Arabe qui fête cette année son 26ème anniversaire. Le Royaume joue également un rôle très actif, en tant que membre du CEN-SAD, dont le prochain Sommet aura lieu sur le sol marocain, et poursuit son rapprochement fructueux avec plusieurs autres organisations régionales de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Centrale.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Nous nous réjouissons des initiatives de votre Forum visant à promouvoir la coopération entre les pays africains de la façade atlantique. A cet égard, la création, à l’occasion de cette rencontre du Club de l’Afrique atlantique procède d’une volonté partagée de soutenir le développement et l’intégration régionale du continent africain et de favoriser son ouverture sur sa façade atlantique.

En effet, pendant longtemps, cette dimension importante de l’action panafricaine a été négligée, alors que, loin d’être un obstacle, l’Atlantique constitue un facteur favorable au développement et une passerelle pour l’ouverture, l’interaction et l’intégration entre les différents pays africains riverains.

Autre initiative à saluer, la création du Forum de la femme africaine qui va permettre aux participantes de disposer d’un espace de débat et d’échanges. C’est également une occasion propice pour plaider en faveur d’un exercice plein et entier par les femmes africaines de leurs droits, et pour les inciter à contribuer activement aux efforts de développement de leurs pays respectifs. Car notre continent a besoin de mutualiser toutes ses énergies et de fédérer toutes ses forces pour atteindre les objectifs souhaités.

A cet égard, Nous avons constamment attaché une importance capitale à la promotion de la condition de la femme, en appuyant sa participation aux différents domaines politiques, économiques, sociaux et culturels. Dans ce cadre, Nous œuvrons à la réalisation de la parité entre les citoyennes et les citoyens, consacrée par la Constitution du Royaume.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Pour conclure, Nous rendons hommage au Forum Crans Montana et à son Président, M. Jean-Paul Carteron, qui ont consacré la thématique de leurs assises annuelles à l’Afrique et aux Africains. Nous les félicitons pour l’action constante et assidue qu’ils mènent depuis plus de trois décennies en faveur du rapprochement et de la coexistence entre les cultures et les civilisations.

Le Forum Crans Montana trouvera constamment auprès du Royaume du Maroc l’appui nécessaire pour conférer à son action encore plus de rayonnement, au service des justes causes de la paix et du développement.

Nous saluons également I’ISESCO et son Directeur général, Son Excellence Dr Abdulaziz Othman Altwaijri, pour leur concours actif à l’organisation de cette importante manifestation et pour leurs efforts louables afin d’assurer les conditions de son succès.

Nous Souhaitons plein succès à vos travaux et vous renouvelons Nos vœux d’un agréable séjour dans votre deuxième pays, le Maroc.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarkatouh.(MAP).

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