A la suite des multiples actions réalisées par la Suède, pour une éventuelle reconnaissance de la pseudo « rasd », plusieurs experts internationaux ont eu l’occasion de s’exprimer et de faire des déclarations sur le sujet.
Anciens ambassadeurs, académiciens, députés, universitaires, un grand nombre d’experts internationaux, ont eu l’occasion de s’exprimer sur les récents évènements qui ont mis les relations entre le Maroc et la Suède sous tension. Leurs déclarations sont pour le moins favorable à la position marocaine. N’hésitant pas à qualifier la fourberie de la Suède de novice.
Edward Gabriel, ancien ambassadeur américain
Le projet de loi du gouvernement suédois visant à reconnaître la fantomatique « rasd » « interfère avec la neutralité » du processus de négociations mené sous l’égide des Nations Unies afin d’aboutir à un règlement politique, durable et mutuellement accepté à la question du Sahara, a affirmé, mardi, Edward Gabriel, ancien ambassadeur américain.
« La Suède interfère ainsi avec la neutralité consubstantielle au processus onusien, au moment où le Maroc fait preuve de bonne foi quant à une solution de compromis sous l’égide des Nations Unies, sur la base du plan d’autonomie au Sahara, sous souveraineté marocaine », a souligné l’ancien diplomate US.
Edward Gabriel a rappelé, dans ce contexte, « la rigidité de la posture algérienne et de sa création le polisario qui rejettent la solution de compromis à laquelle appellent les Nations Unies », en qualifiant la démarche de la Suède de « nocive, fourbe et d’erronée ».
« Stockholm risque aussi de contrecarrer les efforts des nations animées de bonne volonté visant à trouver une solution de compromis à la question du Sahara et de barrer la route aux groupes extrémistes qui sévissent dans la région », a-t-il poursuivi.
Il est clair, a insisté Gabriel, que « les autorités suédoises agissent contre leurs propres intérêts », en notant qu’il est encore temps pour eux de réviser leur posture afin de ne pas porter atteinte au processus onusien car « il y va de la stabilité de l’Afrique du nord ».
Jordan Paul, expert américain des affaires législatives au Congrès
« Il est, en effet, troublant que le gouvernement suédois s’engage de manière unilatérale dans le cadre d’une démarche hasardeuse et mal-informée, qui est de nature à porter atteinte à la neutralité du processus onusien », a souligné Jordan Paul, dans une déclaration recueillie par l’agence de presse nationale.
L’expert US a tenu à rappeler, dans ce contexte, que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité appellent les parties à s’inscrire dans le cadre de négociations sur la base de la proposition marocaine d’autonomie au Sahara, sous souveraineté marocaine, en faisant observer que « l’initiative marocaine demeure l’unique solution réaliste à un conflit qui n’a que trop duré à cause de la rigidité des ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc ».
La sortie du gouvernement suédois « se veut ainsi une tentative qui paradoxalement rétribue les parties derrière le blocage du processus des Nations Unies visant un règlement politique définitif à la question du Sahara », regrette Jordan Paul.
Il a, dans ce contexte, rappelé les propos de Peter Van Walsum, ancien envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, qui avait conclu que « la principale raison pour laquelle je trouve intolérable le statu quo est qu’il est trop aisément accepté, non pas seulement par des spectateurs non engagés des pays lointains, mais aussi par les partisans inconditionnels du front polisario, qui n’ont pas vécu eux-mêmes dans les camps, mais qui sont convaincus que ceux qui y vivent préfèreraient y rester indéfiniment au lieu d’opter pour une solution négociée en deçà de l’indépendance totale ».
Mauro Picotto, académicien et expert italien en relations internationales
La position du gouvernement de la Suède est une décision qui « ne servira nullement les intérêts du pays scandinave ni ceux d’une région aux portes de l’Europe confrontée à de multiples problèmes socio-politiques aigues », a souligné l’académicien et expert italien en relations internationales, Mauro Picotto
« Il s’agit d’une position à contre-courant de tous les efforts déployés jusqu’à présent pour trouver une issue au conflit du Sahara, et qui ne servira en rien les intérêts du pays scandinave d’autant plus que la question relève de la compétence des Nations unies et non des Etats pris individuellement’ », a affirmé ce spécialiste des questions, soulignant qu’ « une solution de ce conflit ne peut que profiter à la sécurité dans la région Méditerranéenne et partant à l’Europe ».
Picotto a, en outre, fait observer, que « la prise d’une telle décision et de manière unilatérale dénote d’une méconnaissance de la complexité du conflit dans cette région, dont le règlement ne peut se faire qu’à travers l’ONU qui déploie, depuis des années, des efforts pour trouver une solution équitable de nature à favoriser le développement de toute une région qui traverse un moment difficile de son histoire ».
L’académicien italien, qui affirme suivre « avec intérêt » le dossier du Sahara depuis une quinzaine d’années, a insisté en particulier sur l’importance du plan marocain d’autonomie pour le Sahara, appelant les Suédois « à favoriser une solution au sein des Nations unies au lieu de rendre les choses encore plus complexes ».
« A mon humble avis, les Suédois doivent revoir leur position au sujet de cette question en appuyant les efforts de la communauté internationale sans faire pencher la balance en adoptant des décisions qui sont loin d’être conformes aux dispositions du droit international », ajoute l’académicien italien.
Liang Gallen, professeur et juriste britannique
L’intention de la Suède de reconnaitre une entité fantoche en faisant fi des principes et des règles du droit international est « aussi incompréhensible que choquante et inquiétante », a affirmé mardi l’éminent professeur et juriste britannique Liang Gallen.
La nouvelle position que la Suède s’apprête à prendre sur le Sahara « constituera un tournant décisif et un changement brutal dans sa politique étrangère », a ajouté ce chercheur universitaire. « C’est une volte-face dangereuse qui risque de mettre de l’huile sur le feu dans une région confrontée déjà à une menace terroriste croissante des groupes extrémistes », a-t-il souligné.
En adoptant une position politique contraire à celle préconisée par l’Union européenne sur la question du Sahara, Stockholm risque de s’éloigner de la position du bloc communautaire et de créer une fissure inédite dans la politique étrangère de l’UE, a mis en garde le juriste britannique.
George Ballington, expert britannique en droit international George Ballington
La position de la Suède qui s’apprête à soutenir un projet séparatiste sur la question du Sahara va à l’encontre de l’esprit du processus onusien de paix engagé pour trouver « une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable », a affirmé mardi l’expert britannique en droit international George Ballington.
L’initiative suédoise constitue un « vice de procédure » et « une violation flagrante » des règles du droit international qui vient saper le processus de paix des Nations unies et semer la zizanie dans une région déjà plombée par les tensions sociales et politiques, a indiqué le professeur Ballington.
Il a également exprimé son « étonnement » sur les vraies motivations derrière une telle démarche « incompréhensible et contre-productive » dont le timing soulève plusieurs questions, alors que l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Christopher Ross vient de boucler une nouvelle tournée dans la région pour lancer de nouveaux rounds de négociations informels.
La Suède est membre de l’Union européenne et la position de l’Union sur la question du Sahara est « claire et sans équivoque », a rappelé l’universitaire britannique, précisant que l’UE ainsi que toutes les grandes puissances mondiales soutiennent le processus de règlement de l’ONU et les efforts déployés par le secrétaire général Ban Ki-Moon pour parvenir à une solution durable au conflit du Sahara.
Ainsi, « toute action ou initiative qui pourrait surgir en dehors du cadre légal établi par la communauté internationale constitue une aberration et une ingérence dans le plan onusien », a averti le professeur Ballington, appelant les responsables et les parlementaires suédois à faire preuve de clairvoyance et à éviter « toute décision politicienne impulsive ».
Ballington a, en outre, relevé l’importance et la pertinence du plan marocain d’autonomie pour le Sahara, reconnu internationalement en tant que plan « crédible, sérieux et réaliste », exhortant la Suède à soutenir ce plan et attendre le parachèvement du processus onusien sur le Sahara au lieu d’attiser la tension dans la région.
Gilles Pargneaux, député socialiste français au parlement européen
La position du gouvernement suédois, qui s’apprête à adopter un projet de loi reconnaissant la pseudo « rasd », est contreproductive, a souligné, mardi, Gilles Pargneaux, député socialiste au parlement européen.
« C’est un acte inutile et contreproductif à un moment où la communauté internationale s’accorde à dire que toute solution à ce conflit régional passe par l’ONU, avec comme base, l’initiative marocaine de large autonomie dans les provinces sahariennes », a affirmé l’eurodéputé.
Il s’agit de la seule solution crédible qui permettra d’épargner à la région les affres de l’instabilité et de garantir la libre circulation des personnes et des biens, a-t-il ajouté, soulignant l’urgence de mettre fin à ce « no man’s land notamment du côté algérien qui est préjudiciable à la sécurité dans la région sahélo-saharienne ».
Pour le député européen, la position suédoise s’inscrit en porte-à-faux par rapport au droit international.
« On est de plus en plus étonné au niveau européen et plus particulièrement au parlement européen, de voir un pays membre voguer à contre-courant du droit et de la légalité internationale, en voulant reconnaitre une entité qui n’a pas les éléments fondamentaux d’un Etat », a souligné Pargneaux.
Pargneaux, également membre de la délégation Maghreb au parlement européen et président du groupe d’amitié Maroc-UE, a indiqué qu’il lancera un message à la Suède à l’occasion de la prochaine réunion du groupe d’amitié et qu’il entreprendra des contacts avec ses collègues suédois au parlement européen pour les sensibiliser sur cette question.
Source : quid.ma