Les relations maroco-espagnoles traversent aujourd’hui une crise diplomatique et politique dramatique qui rappelle celle de l’ilot Leila qui a failli provoquer un affrontement militaire entre les deux pays en 2002: la décision du gouvernement espagnol, d’accueillir discrètement, et sous une fausse identité, le dénommé Brahim Ghali, chef des séparatistes de ‘‘ l’Algérolisario’’, pour soi-disant être soigné du Covid-19.
L’actuel gouvernement du voisin ibérique préfère combiner pour tirer bénéfice au maximum et du Maroc et de l’Algérie.. Pire, cette derrière ne cesse de relancer sa machine propagandiste contre l’intégrité territoriale du Maroc.
Le pouvoir algérien emballe ses offres généreuses en pétrodollars par tout ce qui peut nuire au pays proche et frère. Et ce n’est pas que l’Espagne qui accepte ce mauvais deal et joue un double jeu, mais aussi d’autres pays européens comme l’Allemagne malheureusement.
Le Maroc vis-à-vis de l’Union Européenne
Le Maroc a développé des relations historiques avec l’Union Européenne, concrétisées par des accords bilatéraux depuis l’indépendance. En 2008, le Royaume a obtenu un statut avancé auprès de l’UE sur plusieurs activités de coopération. C’était une première pour un pays non européen, qui bénéficie de certains avantages, sans toutefois adhérer aux institutions européennes.
Le statut avancé induit la création d’un dialogue politique et stratégique avec le Maroc et met l’accent sur l’intégration du marché, le développement des infrastructures et l’amélioration du climat des affaires au Maroc. Il facilite le libre-échange entre le Maroc et l’UE ainsi que le partage d’expériences.
La collaboration entre les deux partenaires vise également les questions de sécurité, la lutte contre le terrorisme et les défis de l’immigration sans oublier de rappeler ce que le Maroc a apporté dans ces domaines. Tout cela fait du Maroc un partenaire inévitable non exclusivement pour l’Espagne mais aussi pour toute l’Union européenne.
Le Royaume du Maroc est également considéré comme l’un des meilleurs partenaires de l’UE pour ce qui est de la politique de bon voisinage, ce qui lui a valu de continuer de bénéficier du « statut avancé », en reconnaissance des efforts accomplis en vue de favoriser la bonne gouvernance, d’établir un Etat de droit et de promouvoir les droits de l’homme.
La crise n’est pas migratoire
La mauvaise foi du gouvernement espagnol qui ne ménage rien pour orienter le débat sur les causes de cette crise au sein de l’opinion publique européenne en la liant à l’immigration clandestine, ce qui a fallacieusement conduit à une résolution du Parlement européen contre le Maroc ; parce qu’Il est évident qu’il s’agit d’une manœuvre pour détourner l’attention d’une crise politique entre le Maroc et l’Espagne, une tentative vaine d’européaniser une crise bilatérale dont la genèse est connue et dont les responsabilités sont bien claires.
Néanmoins, l’Union européenne a salué la décision du Royaume de continuer de coopérer étroitement pour relever les défis migratoires et faire progresser le partenariat bilatéral, dans l’intérêt mutuel et surtout de régler définitivement la question des mineurs marocains non accompagnés se trouvant en situation irrégulière dans certains pays européens.
Nonobstant les ridicules essais de diversion de la crise vers une problématique migratoire dont souffre également le Maroc, le fond de l’affaire n’est autre qu’une position hostile à la marocanité du Sahara.
Le soutien inconditionnel du monde arabe
De son côté, Le Parlement arabe a réitéré samedi 26 juin à l’issue de sa réunion d’urgence son rejet catégorique de la résolution du Parlement européen sur le Maroc, soulignant que cette décision avec ce qu’elle comporte comme critiques et accusations sans fondement, constitue une provocation et une politisation inacceptable des efforts déployés par le Royaume pour lutter contre l’immigration clandestine.
De même, il a dénoncé l’ingérence du Parlement européen et son insistance à s’impliquer dans une crise bilatérale entre les Royaumes du Maroc et d’Espagne, laquelle peut être résolue par des moyens diplomatiques et des négociations bilatérales directes entre les deux pays.
Il a également salué les efforts inlassables déployés par le Royaume du Maroc dans la lutte contre l’immigration illégale, qui découle d’une volonté politique forte et des hautes orientations du Roi Mohammed VI, en tant que leader de l’Union africaine sur la question de la migration.
Il a aussi exprimé son rejet catégorique de « l’approche arrogante inacceptable du Parlement européen dans le traitement des questions liées aux pays arabes, en adoptant des résolutions qui s’inscrivent aux antipodes des exigences du partenariat stratégique souhaité entre les pays arabes et européens.
D’ailleurs, l’Espagne a été écartée de la conférence de Berlin II sur la Libye, qui s’est tenu les 23 et 24 juin, et le Maroc l’a intelligemment boycotté, convaincu qu’il n’y aura pas de solution berlinoise à la crise libyenne.
La lésion andalouse n’a jamais été guérie
La crise est historiquement coloniale et postcoloniale. Cette animosité incube depuis la colonisation arabo-musulmane de la péninsule ibérique du début du VIII siècle jusqu’à la fin de XV siècle, puis la guerre civile espagnole (1936) et la Marche verte (1975) qui a obligé l’armée espagnole à quitter le Sahara marocain.
En 1415, le Maroc qui existait déjà depuis plusieurs siècles comme Etat-nation, subissait durant la décadence de la dynastie mérinide, le contrecoup de la Reconquista.
Six siècles après, quelques responsables espagnols sont toujours nourris par cette antipathie envers le Maroc et semblent enclins à exécuter les dernières volontés de la reine Isabelle de Castille. La nouvelle position espagnole révélait l’échec de Madrid dans la réalisation de sa stratégie narquoise visant à assiéger le Maroc et à l’affaiblir.
Le Maroc d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier
Les temps ont changé et le Maroc a tiré des leçons de la crise de 2002, le Royaume a renforcé sa puissance et a consolidé son économie et renforcé ses relations diplomatiques et militaires avec ses réels alliés et à leur tête les Etats-Unis. Or, L’Espagne ne fait que ressusciter une traitrise et une hostilité qu’elle jure à notre pays depuis des siècles.
Ainsi, la tentative du gouvernement espagnol d’européaniser la crise bilatérale avec le Maroc n’est qu’une fuite en avant et il revient à l’Espagne, qui est à l’origine cette maladresse d’en trouver une issue.
Le manque de cohérence entre les actes et les paroles de l’Espagne sur une question fondamentale du séparatisme à laquelle les deux pays font face ;ainsi, on ne peut pas combattre le séparatisme chez-soi et dans le même temps l’encourager à 15 kilomètres. Ainsi donc, l’Espagne veut que le Maroc sécurise ses frontières au sud mais soutient une milice armée qui menace d’enflammer toute la région.
Pas de partenariat aux frais de la cause commune de tous les Marocains
Il est temps que l’Espagne et tous les Européens repensent avec transparence leur association avec le Maroc sur le socle de l’intérêt symétrique, du respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.
Il est temps d’ouvrir le dossier des villes marocaines de Sebta et Melilla et des îles marocaines occupées, pour régler cette situation qui relève de l’ère coloniale, quand par ailleurs l’Espagne revendique Gibraltar.
Dessiner un avenir commun reste, pour tous, la meilleure voie
Désormais, l’Union européenne et ses pays membres doivent clarifier, soit de manière unilatérale ou multilatérale, leur position vis-à-vis de l’intégrité territoriale du Maroc, notamment depuis la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Royaume sur son Sahara.
Il est grand temps que les Européens refassent leurs calculs et reconsidèrent leur partenariat avec le Maroc sur des bases saines et une réciprocité dans les positions relatives à la souveraineté et à la sécurité.
En définitive, il serait autodestructeur pour nous de continuer à faire un bout de chemin avec des voisins qui ne sont pas loyaux et on ne dîne pas avec le diable, même avec une longue cuillère.
Finalement, la protection des intérêts souverains du Maroc et de son intégrité territoriale passe avant toute réflexion économique. Enfin, il est à rappeler que, le Maroc continue de s’engager avec détermination à la réalisation d’une solution définitive tant attendue par la communauté internationale. (Cf, notre article : Initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie pour la région du Sahara). Maghreb Canada Express, Volume XI, N°05, MOIS DE MAI 2013 . https://maroc-canada.ca/?p=820